Photo by Johannes Plenio on Unsplash

Lettre au printemps

Cher printemps,

Je crois bien que jamais je ne t’ai attendu avec tant d’impatience. Oui, je comprends, et non, je ne me révolte pas : ce froid, cette neige et cette pluie étaient bien nécessaires à la terre pour qu’elle produise des fruits sains et nombreux, mais voilà, tu me manques.

Je me languis de voir tes couleurs et cette poussée timide puis triomphante de la sève qui remonte jusqu’au bout des branches.

Mais je suis bête, tu n’existes pas, ou du moins pas en tant que personne, et j’aurais beau t’écrire mille supplications, jamais tu ne me répondras, tu n’es qu’une saison, et c'est déjà pas mal, un phénomène astral qui permet au soleil de darder ses rayons plus près de notre hémisphère, Tu es la phase ascendante d’un cycle auquel la nature réagit, selon un ordre immuable voulu par Dieu qui envoie le froid, les pluies et la chaleur, chacun en sa saison.

À cet ordre, nombreux sont ceux qui ne voient que hasard, mais comme le dit la sagesse populaire, le hasard fait bien les choses, qui a placé notre planète à parfaite distance de son soleil, une lune qui produit les marées, fait rimer les poètes et sonner les pianos. Cet ordre fait partie de ce que Paul, l’apôtre, appelait les perfections invisibles de Dieu, qui se voient comme à l’oeil quand on les considère dans leur ouvrage cf. Romains 1:18-22. Et il me vient le regret de ne pas avoir été à l’école plus attentif aux cours de sciences : ils auraient suggéré mille autres raisons à ma jubilation devant la minutie et la grandeur de la Création dont la beauté et l’évolution ont été si soigneusement pesées.

Le cycle de l’année, notre Père a voulu que nous en prenions conscience quand il a institué les fêtes à nos frères, les Juifs, pour que le Peuple élu se rappela les miracles du Désert, le Pardon, et le don du fruit de la terre. Il a voulu aussi que nous nous rappelions la Pâque, la libération de l’esclavage avec ce sacrifice si prophétique de l’agneau. Cette annonce fut pleinement accomplie en Jésus, qui l’incarna deux millénaires après, comme l’agneau, sacrifice ultime et suffisant, immolé pour nos offenses et ressuscité pour notre justification. (Romains 4:25).

Sous nos latitudes tempérés, Pâques t’appartient, qui se fête au moment où toi, le printemps, tu t’annonces. Le sommeil fait place à la vie, le froid fait place à la chaleur, la lumière succède à l’obscurité et je pense à mes soeurs et à mes frères qui ont tant besoin que dans leur vie, le soleil de la justice* se lève et fasse germer la vie de la Parole qui a été semée en eux, afin que leur foi s’épanouisse et rayonne.

Alors, s’il te plaît, cher printemps, arrête de jouer avec nos nerfs en faisant sembler d’arriver pour repartir sitôt que nous avons commencé à réchauffer nos carcasses gelées, que le soleil commence son règne, que les champs se parent de jaune et les prés de vert-tendre, que les fruitiers fleurissent, que les bourgeons éclatent, et enfin que les visages sourient de connivence à ton premier beau jour.

 

* “Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera Le soleil de la justice, Et la guérison sera sous ses ailes ; Vous sortirez, et vous sauterez comme les veaux d’une étable,” (Malachie 4:2 LSG) pour qui a déjà vu un troupeau sortir de l'étable après l'hiver, c'est un spectacle unique de joie et de liberté retrouvée !