David Mastriforti

Une église qui vit dans la grâce

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L'église d'Antioche dont il nous est parlé dans Actes 11.19-30 et 13.1-4 nous donne l'exemple d'une assemblée qui vit dans la grâce de Dieu, qui passe au delà des préjugés et des rigidités culturelles pour aller vers

ceux qui sont différents, avec un regard changé. La grâce dont il est question ici n'est pas la grâce théologique, par laquelle nous obtenons le salut en Christ, mais un style de vie.

« Lorsqu’il fut arrivé et qu’il vit la grâce de Dieu, il s’en réjouit et les exhorta tous à rester d’un cœur résolu attachés au Seigneur » (Actes 11.23)
« Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, venus à Antioche, parlèrent aussi aux Grecs… » (Actes 11.20)

La grâce de l'église d'Antioche

Antioche était alors la troisième ville par nombre d'habitants de l'empire romain. C'était une ville cosmopolite qui comptait une forte implantation juive. À beaucoup d'égards, cette ville ressemble aux nôtres, avec une population multiculturelle qui recherche quelque chose de meilleur. Nous retrouvons dans l'histoire de son église des principes directeurs utiles pour la construction de l'église et de nos vies : c’est une église solidement fondée sur Jésus, qui prie et jeûne, qui croit à la diversité des ministères, une église prophétique, missionnaire et qui croit à la croissance, une église solidaire des pauvres et des cœurs brisés. Mais c'est surtout une église qui vit dans la grâce de Dieu.

La grâce, c'est aller vers ceux qui sont différents de nous

« Il y eut cependant parmi eux quelques hommes de Chypre et de Cyrène, qui, venus à Antioche, parlèrent aussi aux Grecs… » Cet état d’esprit va se retrouver dans la future église d’Antioche comme un signe visible de la grâce de Dieu : Diversité dans ses leaders, dans son auditoire… juifs, grecs, de culture orientale ou hellénistique, riches et nobles ou pauvres, noirs ou blancs…
Les juifs, premiers convertis de l'église sont passés au dessus de tous les préjugés et même au dessus de tous les préceptes de leur religion concernant la pureté et la sainteté pour parler à des gens qu'ils auraient dû se détourner car la loi les déclarait impurs. Jésus dans son ministère avait fait preuve de la même grâce en allant vers les pécheurs, les samaritains, les impurs : lépreux ou femme à la perte de sang. Cette approche de Jésus envers les gens impurs l’a conduit à la crucifixion, mais le régime de la loi a été remplacé par le régime de la grâce
Quels sont nos impurs? Nos païens? Nos cadres et limites culturelles ? Dieu veut que nous sortions de nos cadres, de nos schéma tout fait, … quand on va vers l’autre, quand on annonce le message du Salut, nous allons de toute manière être bousculés dans nos repères

La grâce, c’est un changement de regard

" Il vit la grâce de Dieu… " La grâce de Dieu, c’est de voir comme Dieu voit et d’aimer comme il aime…. Le monde aujourd’hui est un monde sans grâce, sans pitié. La grâce, c’est le plus beau cadeau fait au monde par le christianisme. La grâce exerce une force plus grande que la vengeance, plus grande que le racisme, plus grande que la haine. Ce monde a désespérément besoin de cette grâce et l’église manque malheureusement cruellement de grâce.

La première église a elle aussi été bousculée par cette grâce et ce salut accordé aux païens. Après que Pierre est allé, conduit par le Saint-Esprit, dans la maison de Corneille, la nouvelle est parvenue aux responsables de Jérusalem. Et ça a chauffé. Après ses explications, leur regard a été changé… Changeons nous aussi de regard. Ne voyons pas les problèmes, les lacunes, les faiblesses, … croyons et grandissons dans la grâce de Dieu.

La grâce a un prix.

La grâce n’est pas gratuite ! La grâce a un prix ! La grâce provoque une douleur ! Pour nous faire grâce, Jésus a dû payer de sa vie, souffrir la croix … la bible dit en 1 Corinthiens 6:20 "Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu.". Mais nous aussi, la grâce ne se fait pas sans douleur ! Croyez-vous que c’est facile de pardonner à celui qui nous as trahi, qui nous a blessé ?

Imaginez la scène [Genèse 42 à 45]: Joseph a devant lui ses frères, ceux-là même qui voulaient le tuer, qui l’avaient vendu en esclavage. A cause d’eux, il a passé les meilleures années de sa jeunesse à moisir dans une prison égyptienne. Et alors même qu'il a triomphé de l’adversité et qu’il veut pardonner à ses frères, il n’arrive pas à s’y résoudre. La blessure est encore trop vivace. Quatre chapitres sont nécessaires à l’écrivain biblique pour décrire ce combat, 4 chapitres qui nous crient : comment pardonner les choses ignobles que vous m’avez faites ! Mais quand la grâce saisit Joseph, le bruit de son chagrin et de son amour résonne dans tout le palais. Qu’est-ce que ce gémissement ? Est-ce un émotif, est-il malade ?… C’est le bruit d’un homme en train de pardonner !

La grâce de Dieu ce n’est pas une théorie, une doctrine. La grâce déchire, la grâce coûte. C’est dire : "Ce que tu m’as fait est intolérable, c’est terrible, tu m’as fait mal, tu as détruit ma confiance, tu m’as déçu… c’est comme une dette que tu as envers moi mais je décide de te la remettre."

Dans l’église, nous pouvons ne rien avoir de commun avec un tel ou un tel, pas d’affinité, mais nous devons reconnaître que la grâce de Dieu a agi en lui, que par la grâce il est devenu ce qu’il est, malgré encore ses faiblesses et ses fêlures, la bonté de Dieu l’a poussé à la repentance.

Nous sommes tous différents mais quand les nouvelles personnes viennent et vont venir, elles vont voir comme Barnabas, la grâce de Dieu au milieu de nous.

La grâce en action

Ouvre nos yeux, Seigneur, pour voir ta grâce en action Avons-nous oublié d’où Dieu nous a sorti ? Avons-nous oublié le prix qu’il a payé ?
Ma prière, c'est que l’église de Cergy soit un lieu de grâce et de restauration. Combien de frères et sœurs ont des dépendances, sont tentés par l’alcool, sont en lutte avec la pornographie ? Combien ont du mal à gérer leurs émotions ? Se mettent en colère plus que la normale ? Combien ont des problèmes de couple ? Combien ont des traumatismes non-avoués ? Combien sont paralysés par des peurs, bloqués par le regard de l’autre ?...

Nous n’approuverons pas tous ce que vous faites, ni ne dirons que ce que vous faites est bien. Mais nous vous accueillerons, nous vous écouterons, nous prierons pour vous et vous accompagnerons jusqu’à ce que la grâce de Dieu vous atteigne et vous change.

Et que vous puissiez ensuite faire cela envers tous ceux que le Seigneur vous enverra.